Rédactionnel.
Grandi par la souffrance au combat, jamais dans l’excès, l’anti-démagogue qui affronta Barack Obama, employa sa force intérieure au service de nobles causes. Un sage parmi les grands…
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L’Amérique perd aujourd’hui un héros comme elle est capable d’en produire. C’est avec une vraie tristesse que je vois disparaître l’un de ceux que je considère parmi les derniers hommes d’État du monde occidental qui à mes yeux, incarnait une haute idée de la politique, autrement dit ce qu’il y a de plus authentique en termes d’engagement, de sens de l’Etat, et de respect de l’expression démocratique de la voix du peuple.
John McCain aurait fait un Grand Président américain.
Pour quelle raison ? Tout simplement parce qu’un soldat, prisonnier du Viêt-Cong, torturé pendant cinq ans, sait dans son for intérieur et jusqu’à la fin de ses jours, de quoi relève réellement, intellectuellement et physiquement, le courage et l’endurance. Surtout, un homme qui a survécu à une telle épreuve se trouve habité par l’intime conviction que la guerre représente la pire des issues, une horreur à l’état brut, et que c’est précisément pour cette raison que les leaders à la tête de nos démocraties doivent tout faire pour l’éviter, et en même temps être capables de la mener.
Pendant 35 ans au congrès, John McCain, à travers ses prises de positions et son travail législatif, a démontré que l’on pouvait rester d’une extraordinaire fidélité à ses propres principes, et en même temps se défier de tous les dogmes.
Pour preuve, sa position de membre éminent du parti républicain n’a jamais empêché celui que l’on surnommait « Maverick » (le franc-tireur, le non-conformiste, le rebelle), à promouvoir la transition énergétique dans le pays du pétrole-roi, ni à mettre en place concrètement la première législation visant à limiter l’influence des lobbys privés dans le financement de la vie politique.
Les convictions plutôt que le dogmatisme. La sagesse et la modération qui ne sauraient amoindrir ni le leadership, ni la détermination : plus qu’un message offert aux jeunes générations désireuses de s’investir en politique, une véritable leçon de vie que chacun d’entre nous peut méditer par rapport à son propre projet personnel.
Sans oublier – trait de caractère très militaire – de combattre jusqu’à la dernière heure ; d’aller jusqu’au bout de ses engagements. Malgré la maladie qui le rongeait, John McCain n’aura cessé dès 2016, en lui refusant publiquement son soutien avant l’élection présidentielle (alors qu’ils étaient tous les deux issus du même parti) d’alerter ses concitoyens sur le danger Donald Trump, sur cette forme de fake leadership qui au lieu de redonner puissance à l’Amérique à la manière optimiste et ouverte d’un Ronald Reagan, l’isole, l’affaiblit, la décrédibilise.
Dans le monde turbulent de 2018, nous avons plus que jamais besoin de femmes et d’hommes qui au lieu de flatter bassement leur électorat, agissent selon leur conscience et préparent avec celles et ceux qui les ont élus, leur pays à la réalité des défis de demain.
Pour en savoir plus – Biographie
Marjorie Paillon et Martial You, John McCain « le survivant », Editions Alphée-Jean-Paul Bertrand, 2008, EAN : 928 2 7538 0334-3, 372 pages (pour plus d’informations : cliquer ici)
Photos : légendes et crédits
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Photo n°1 – John McCain en 2007 – © Photographe : Jim Greenhill.