Rédactionnel.
Le 28 février 2025, Donald Trump en humiliant Volodymyr Zelensky officialise le schisme que l’on redoutait tant au sein de l’OTAN. L’avenir de la Paix mondiale passe désormais par la France…
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Depuis 2022, nous prenons le chemin vers une Troisième Guerre mondiale, sans que nos concitoyens en aient pleinement conscience.
La folie – malheureusement totalement prévisible – de ce qui s’est passé vendredi dernier dans le Bureau ovale, représente l’une des étapes décisives de ce processus qu’il convient d’enrayer.
Je pèse mes mots. Etant un adepte de la mesure et de la retenue – deux attitudes auxquelles il est un devoir de se conformer lorsque l’on aborde les enjeux de la diplomatie et de la politique extérieure – j’ai réfléchi à dix fois avant de vous écrire ces quelques lignes.
Les faits sont simples : Donald Trump indexe la politique extérieure des États-Unis, sur la stratégie de Vladimir Poutine, et entend faire plier Volodymyr Zelensky.
L’humiliation de vendredi, c’est un peu comme si Lord Halifax avait finalement renversé début 1941 le gouvernement Churchill, puis convoqué dans son bureau du 10 Downing Street le Général de Gaulle, pour lui signifier son intention de signer une paix séparée avec le régime hitlérien, lui affirmer que son pays avait trop payé pour la France libre et qu’en conséquence, il lui demandait d’accepter la rétrocession à l’Allemagne de l’ensemble de la zone occupée située au nord de Biarritz et de la Loire.
Si j’avais été Français en 1941, je n’aurais pu accepter une telle infamie.
J’imagine qu’il en va de même aujourd’hui pour tous ces combattants ukrainiens qui sans distinctions de classe ni de rang social – conscription oblige à l’inverse de la règle actuellement en vigueur en Russie – se battent depuis trois ans pour l’intégrité et l’indépendance de leur pays.
Et que dire de l’état d’esprit actuel des milliers de femmes et d’enfants que nous avons accueillis en France sur notre territoire, au nom de la solidarité et du devoir d’humanité ? Certaines sont déjà veuves et leurs enfants orphelins. Imaginez ce que représente pour eux la forfaiture de vendredi.
Voilà ce qui mérite d’être rappelé pour ce qui touche à l’aspect moral des choses. Venons-en maintenant à l’aspect realpolitik du gouffre devant lequel nous nous situons.
Lorsque l’Ukraine tombera faute de soutien occidental, et ce même s’il s’agit juste – si je peux m’exprimer ainsi – d’un dépeçage territorial aussi honteux soit-il, alors le problème ne sera plus celui des Ukrainiens, mais le nôtre, et pas seulement celui de ceux qui nous gouvernent.
Pourquoi ? Parce que nous aurons alors montré au monde entier que la signature de l’Occident ne valait plus rien en matière de sécurité collective. Les baby-boomers se souviendront, pour les avoir vécues, des dix années qui ont suivi l’abandon en 1975 du Vietnam libre. La Russie s’est alors lancée dans sa pire politique de conquête de nouvelles zones d’influence, de l’Angola à l’Afghanistan.
L’absence de valeur de la garantie OTAN deviendra alors un fait intégré aussi bien par nos adversaires, au premier rang desquels la Chine qui attend le moindre signe de faiblesse de notre part en vue de faire main basse sur Taïwan, que par nos alliés.
Qui peut raisonnablement penser que la Corée du Sud ferait dans une telle configuration preuve de nonchalance, et se dirait que si jamais le régime totalitaire du Nord l’envahissait, elle pourrait compter sur la solidarité de ses alliés en vue de la défendre à temps ? Ne nous berçons d’aucune illusion. Elle prendra les devants à la moindre incertitude, et nous ferions de même si notre existence et l’avenir de nos enfants étaient en jeu.
Après chaque Munich, il y a forcément un Dantzig.
Bien qu’il ne s’agisse pas encore du plus probable, ce scénario catastrophe s’affirme chaque jour davantage comme une possibilité. Fort heureusement, il n’est pas à ce stade acquis.
La seule manière de nous en prémunir ne se situe pas à notre échelle de simples citoyens, mais à celle des détenteurs du pouvoir exécutif en matière de politique extérieure, des deux seuls États démocratiques au monde qui en dehors des États-Unis comptent dans ce domaine, à savoir la France et le Royaume-Uni, parce que dotés du feu nucléaire et membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU.
C’est à eux aujourd’hui de porter haut et fort et de la rendre crédible en matière de riposte potentielle, une résolution fort simple à comprendre : les veilles nations d’Europe Occidentale n’abandonneront jamais leurs voisins qui entendent rester debout.
A partir de ce moment-là, nous pourrons espérer que l’avenir devienne un peu plus clément et élément tout aussi important, nous nous retrouverons alors en harmonie profonde avec les valeurs qui nous animent, celles de l’humanisme hérité des Lumières, qu’il soit chrétien, socialiste ou libéral.
Quant au responsable ultime des risques systémiques auxquels nous sommes aujourd’hui exposés, le trumpisme, souhaitons-lui le même destin funeste que celui qu’avait prédit au marxisme-léninisme de manière visionnaire Ronald Reagan en 1982 lors de son discours à la Chambre des Communes britannique : qu’il finisse sur le tas de cendres de l’Histoire.