Rédactionnel.
La justesse d’une aspiration amplifie la plausibilité de sa réalisation, même face à un avenir obscur. Certains se laissèrent guider par cette transcendance au point d’accomplir le sens de l’Histoire…
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L’espoir puise sa force dans le bien-fondé de son objet, plus que dans sa probabilité de réalisation.
L’espoir nous porte ; il nous transporte. Il nous galvanise en préparant notre mental à l’impératif de la réussite. L’homme intimement convaincu d’accomplir œuvre utile, prend de ce fait en règle générale, une longueur d’avance sur celui doutant de la justesse des objectifs visés. Ce qui, projeté, apparaissait âpre en termes de chemin, devient soudainement beaucoup plus léger à la simple perception de la destination.
Il convient toutefois de bien distinguer cette confiance sereine en l’avenir, de l’aveuglement béatifiant que procure la poursuite de chimères. L’une élève, l’autre défait.
Dans le premier cas, vous inscrivez vos pas dans un dessein qui a résisté à pratiquement toutes les tentatives d’ébranlement. D’autres le poursuivront d’ailleurs si d’aventure vous ne disposez pas du temps suffisant pour arriver à bon port. Dans le second cas, vous vous mentez tout simplement à vous-même, car même si à l’occasion vous pouvez vous sentir très provisoirement rassuré, vous savez en votre for intérieur que ce que vous construisez n’a pas ou plus de sens.
Dans l’histoire trentenaire de la fin de la Guerre froide, il y a fort à parier que c’est ce genre de tempête cérébrale, qui dut retourner le cerveau des substrats de Moscou, comme le Général Jaruzelski en Pologne ou Gustav Husak en Tchécoslovaquie : éprouver le sentiment inavoué de travailler au sauvetage d’une absurdité à brève échéance condamnée.
Face à eux se dressaient selon le cas des Lech Walesa ou Vaclav Havel, des hommes habités par la conviction d’avoir épousé le sens de l’Histoire. Leurs esprits s’en nourrirent d’une grande clarté, source d’actions bien pensées ; elles redoublèrent d’efficacité au paroxysme de la crise qui en 1989 libéra leur pays, telle qu’ils avaient aux heures les plus sombres osé l’envisager.
Ce jour-là, Antigone l’emporta sur Créon. Un dénouement qui relève davantage du happy end à l’américaine, que d’un drame en trois actes tchèque. Portés par cette énergie sans laquelle le moteur de l’existence tournerait à vide, des hommes et des femmes, même dans la vraie vie, trouvent le courage de monter sur les planches, pour transformer le nécessaire en possible. Sans peurs : ils savent cette mue, tôt ou tard, inéluctable.
Photos : légendes et crédits
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Photo n°1 – Vaclav Havel en 2009 – © Photographe : Ondrej Slama.